- MITHILA (ART DU)
- MITHILA (ART DU)MITHIL ART DULe Mithil ou pays des Maïthil (dialecte le maïth 稜l 稜) est une région historique de l’actuel nord du Bihar, en Inde, située approximativement entre les contreforts du Terai népalais et le Gange, les rivières Gandaki et Kosi. Parmi les tribus mentionnées dans les Hymnes des Védas, les Videha (aussi Videgha) avaient la ville de Mithil pour chef-lieu. De lignée solaire, le roi de Videha, Janaka, était, d’après l’épopée du R m ya ユa (XXXIII), le père de S 稜t , épouse de R ma, incarnation de Vishnu. Le R m ya ユa raconte la participation héroïque des guerriers maïthils dans la lutte contre les P ndava. Mithil est souvent citée dans les textes brahmaniques. Les J takas , récits des existences antérieures du Buddha, font état de la richesse et de la splendeur de ses palais. Les piliers de Lauriy -Nandangarh et de Basarh portant les édits du roi bouddhique A ごoka (\MITHILA (ART DU) 250) se trouvent au Bihar du Nord; des tumuli funéraires au pied de la colonne au lion de Lauriy -Nandangarh seraient d’origine védique. Le Mithil a subi les assauts et les réactions des guerres qui ont ravagé l’Inde et notamment le bassin du Gange, jusqu’à l’invasion musulmane comprise. Les Maïthil sont des agriculteurs produisant notamment du coton et de l’indigo; ils sont restés fidèles à la tradition brahmanique et à la religion hindouiste.En 1948, W. G. Archer a découvert et fait connaître l’art de peindre des femmes maïthil, notamment des femmes des castes supérieures, brahmin et kayasth, aux styles différents, qui maîtrisent le mieux traditions et techniques. Les membres des autres castes peignent également mais leur formation est plus récente.À l’origine ces peintures étaient exécutées sur les murs en pisé des maisons. Elles sont temporaires, faites à l’occasion de certaines cérémonies et nécessaires à la validité du rite: pour la cérémonie du cordon brahmanique ou initiation qui transforme un garçon en membre adulte de sa caste, la consécration ou le renouvellement de l’autel familial, et surtout pour les deux rites du mariage où le rôle de la peinture est essentiel. Des peintures sont exécutées sur le sol en hommage à un hôte de marque et à l’occasion de certains anniversaires. Les femmes décorent aussi les poteries, les éventails et les plats utilisés dans les cérémonies du mariage. Les thèmes de la peinture de Mithil sont des divinités du panthéon brahmanique, Durg et K li, R ma et S 稜t , Radha et Krishna, えiva et P rvati, Gauri et Ganesha, les avatard de Vishnu; la présence des dieux est recréée par la peinture, remplit la maison de bienfaits, écarte les influences néfastes. Dans les dessins de mariage on adjoint parfois le cortège nuptial pour l’incorporer dans ce milieu bénéfique. On y voit le soleil et la lune, emblèmes de fertilisation et de pérennité; des végétaux soigneusement sélectionnés, parmi lesquels le bambou et le cercle de lotus représentant les sexes masculin et féminin; des animaux — perroquets, tortues et poissons — également symboles de fertilité. Ainsi, les images figurées invoquent l’action des forces de la nature avec tout le mystère et la magie qu’elles comportent, action qu’il convient de rendre propice à la communauté.Seules les femmes peignent, c’est leur rôle de maîtresse de maison comme n’importe quelle besogne domestique. Les matériaux utilisés se composent de boue et de bouse de vache pour aplanir le mur, d’un pinceau très fin pour tracer les contours, d’un morceau de tissu lié à une baguette pour appliquer les couleurs, à l’origine végétales et minérales, auparavant broyées et mélangées à du lait de chèvre. La peinture de Mithil présente en général toutes les images sur un même plan sans relief, hors de l’espace et du temps.Le style des femmes brahmin est caractérisé par une réduction des corps divisés en portions géométriques, par des végétaux et des animaux stylisés, reliés par des spirales ondulantes. Le profil au nez prolongeant le front, l’œil placé de face dans le profil créent une ambiance étrange, où le dynamisme interne rayonne d’images pourtant immobiles, tandis que des couleurs claires et vives, délimitées par un trait fin, accentuent la vitalité de la peinture.Dans l’art des Kayasths, le contour des figures est tracé avec une maîtrise et une verve qui assurent l’intensité du mouvement. On utilise une multitude de petits traits pour remplir les figures ou les décors. Personnes et animaux sont en mouvement. La palette est réduite, parfois même à une seule couleur: noir, rose ou garance sombre; les autres couleurs sont assombries. Les femmes kayasth ont des modèles pour exécuter les peintures.Depuis les années 1960, les femmes de ces régions particulièrement isolées sont ravitaillées en papier, et la diffusion de leurs œuvres a révélé un art ancestral et rituel, réservé à l’origine au décor des maisons. Certaines peintures sur papier portent même la signature de l’auteur et le nom de son village.
Encyclopédie Universelle. 2012.